SHARAD R. SANE EST MORT

Image Mr. Sane, le pionnier de l’exportation des poissons ornementaux est récemment décédé. Ce grand homme manquera à la communauté entière des aquariophiles indiens et internationaux.

 

1936 – 2008

Image L’un des pionniers indiens, sinon le seul et l’unique, des poissons ornementaux est mort. Je ne l’ai appris qu’à l’occasion de ma participation à l’atelier de la Green Certification à Kochi, Kerala, au mois d’octobre. Il est décédé à l’âge de 72 ans, le 14 mai 2008, et je l’ai vu pour la dernière fois lors de mon expédition de 2007 dans les Ghâts occidentaux, à Mumbai, où il était né le 29 septembre 1936. 

Sharad Ramchandra Sane avait entendu parler de ma visite à Mumbai et avait insisté pour me voir (quelques photos ici de ma visite de l’an dernier). Il était non seulement le premier éleveur de poissons ornementaux en Inde mais aussi le premier à avoir exporté et importé des poissons tropicaux et je me souviens précisément que je lui avais envoyé des espèces sud-américaines à la fin des années 1960. Après quoi, nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises.

En fait, ma mère avait déjà correspondu avec Sane, du Brésil, au début des années 1960 au sujet de plantes aquatiques et de poissons tropicaux. J’ai malheureusement perdu le contact avec lui au cours des deux dernières décennies jusqu’à cette visite de février 2007. 

 

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Sane (à gauche) avec Heiko lors de la visite de février 2007 dans sa structure d’élevage

Ce mois-là, nous allâmes ensemble sur la localité type de Horaichthys setnai, un poisson très particulier de la côte occidentale de l’Inde, qui n’avait jamais été introduit en aquariophilie et pourtant idéal pour de petits aquariums. Malheureusement, ce site près de Mumbai était complètement pollué et plus un seul poisson n’y vivait (cf. photo).

 

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La localité type de Horaichthys setnai près de Mumbai – totalement polluée et à l’environnement détruit

 

Sane était un gentleman dans toute l’acceptation du mot. Je l’admirais et il fut vraiment ravi de me revoir. Cet homme de qualité avait étudié au D.C. Ruparel et à la Faculté Wilson de Bombay, avant de recevoir au Centre de recherche de biologie marine de Taraporewala, un Diplôme de Baccalauréat en sciences (botanique) et une Maîtrise ès sciences (zoologie), avec une spécialisation en Physiologie et Psychologie animale. En 1959, il lança sa pisciculture et exporta les premiers poissons ornementaux indiens en 1962. Sane devint un membre de nombreuses sociétés d’agriculture en Europe aussi bien qu’en Asie, telles que l’Avicultural Society du Royaume-Uni ; la Bombay Natural History Society ; la société britannique des amateurs de perroquets ; le Bihang (BIOME), Bhubaneswar en Inde ; la SSC/IUCN – Eaux douces orientales (Commission de Survie des Espèces de l’Union internationale pour la Conservation de la Nature – Section asiatique) ; membre de l’International Chelonian Group ; du groupe de l’exploitation durable de la MPEDA (Autorité du développement de l’export des produits de la mer, du Gouvernement indien) ; membre du Comité de conseil pour les zoos (1975-77) de Bombay ; et membre du Technical Committee Barvi Zoological Safari Park, ainsi que du Groupe sur les oiseaux (à partir de 1980) du Gouvernement indien étant donné qu’il était devenu aussi un très bon éleveur d’oiseaux exotiques. Sa connaissance dans ce domaine n’avait que peu de rivales en Inde : il avait reproduit plus de 100 espèces différentes et s’était occupé de plus de 200 variétés d’oiseaux en captivité.
Il a assuré ou a participé à la description d’un certain nombre d’espèces telle que Puntius setnai Chhapgar & Sane 1992 (famille des Cyprinidae) de Sanguem, Goa, côté occidentale de l’Inde. Parmi les poissons sauvages capturés, il a notamment reproduit avec succès le Gourami noble, un incubateur buccal (Ctenops nobilis) du Bihar, en avril 1988 (suite à sa collecte par mes soins) et Chaca chaca, l’extraordinaire poisson-chat. Mais ce serait sans compter les nombreux autres poissons tropicaux tels que le néon (Paracheirodon innesi) et autres characiformes, des cichlidés, des barbus et le loricariidé sud-américain, Sturiosoma panamense, parmi d’autres poissons-chats. En tout, Sane maîtrisa la reproduction de plus de 50 espèces de poissons tropicaux d’eau douce. 

 

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Sane (à g.) élevait lui-même les nourritures vivantes de ses poissons et mélangeait aussi à ses recettes particulières des vitamines et autres ingrédients spécifiques (en haut, à dr.

Mais Sane était aussi très renommé pour ses succès dans l’élevage des amphibiens et des reptiles exotiques telle que l’espèce indigène de Tortue noire des marais (Geoclemys hamiltoni). Il maintenait de nombreuses espèces de tortues indiennes ou d’ailleurs, s’occupait de nombreuses espèces de lézards, de grenouilles, de grenouilles et de crapauds arboricoles, de tritons, de salamandres (reproduisant avec succès les salamandres espagnoles et les tritons à points rouges) et de Caeciliidae aquatiques. Sane reproduisit également des écureuils albinos à 5 rayures et des gerbilles, et maintint ou s’essaya pendant quelques temps à des petits mammifères comme les mangoustes, les hérissons, les écureuils géants ou volants, les ouistitis, les chevrotains, les langurs, les macaques, les petites formes de chats tels que les chats de la jungle, les scandentias et autres.
Sane esquissa un plan pour le parc zoologique national de New Delhi et écrivit de nombreux articles pour les revues nationales et internationales. Certains d’entre eux parurent dans le magazine américain Tropical Fish Hobbyist, tel que le rapport substantiel qu’il rédigea avec Leena R. Bhide sur la ponte réussie de Chaca chaca, dans le numéro de mars 1992. En voici un extrait :
« Trois mâles et une femelle furent placés dans une cuve nue de 91 x 45 x 45 cm avec un tube d’amiante de 20 cm et de 7 cm de diamètre. Cette cuve contenait également des danios, des rasboras et 4 perches, Nandus nebulosus. Un matin d’avril 1989, ils remarquèrent que l’une des 4 Chaca se trouvait dans le tube. Le matin suivant, tous les Nandus avaient le ventre gonflé bien qu’ils n’aient pas été nourris récemment. Ils trouvèrent des alevins dans le tube avec le mâle montant la garde, tandis que tous les petits qui s’échappaient du tube étaient dévorés par les Nandus. Les poissons restants, dont les 3 autres Chaca, furent retirés du bac et un total de 78 alevins furent élevés à partir de cette ponte. Les 3 autres Chaca furent installées dans un autre bac qui leur fut réservé et avec la même installation ; elles pondirent également et l’un des mâles surveilla les œufs. L’incubation dura entre 3 et 4 jours et les jeunes commencèrent à se nourrir suite à la perte de leur vésicule vitelline au bout de 7 jours, pour donner un nombre incroyable de 392 individus atteignant pour certains 1,25 cm. » 
Sharad Sane fondit et dirigea un joli petit magazine à l’excellente illustration couleurs (pour lequel il me sollicita sans que malheureusement j’y réponde…), nommé Sanjeevan (Rajeunissement) et écrit en anglais et en hindi. J’espère que cette publication remarquable se poursuivra. 
Sane organisa aussi une des premières expositions d’aquarium, le Sanjeevan Aquashow 2005 à l’Université de Mumbai, avec 100 bacs exposés sur quatre jours (17-20 février), et il a toujours vanté, à chaque manifestation indienne sur le sujet, les mérites du plus beau hobby du monde. Cela se fit notamment à Kochi, Kerala, le 4 avril 2005, où il condamna la non-disponibilité des stocks d’élevage, un article qui limitait l’importation et qui pesait sur le commerce indien des poissons d’ornement (une réalité). Lors de cette conférence organisée par l’Autorité du développement de l’export des produits de la mer et Infofish, en Malaisie, Sane précisa que le manque de formation scientifique dans les techniques d’élevage, dans l’alimentation et les soins, les modes de transport inappropriés et la pauvreté des stratégies promotionnelles, handicapaient cette industrie, qui pourtant disposait d’un fort potentiel économique, ne serait-ce qu’en raison de l’existence d’environ 200 espèces de poissons d’ornement en Inde (il y en a en réalité beaucoup plus). En dépit de cela, le rôle de l’Inde dans le marché mondial de l’aquariophilie restait négligeable. (Heureusement, les choses devraient désormais changer – voyez la Green Certification, qui a eu lieu récemment à Kochi.)

 

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La fille de Sane (à dr.) avec l’un de ses équipiers

 

 

Les poissons et les oiseaux d’ornement indiens perdent avec Sane l’une de leurs personnalités les plus emblématiques et compétentes, un pionnier que le sous-continent indien et, il faut l’espérer, le monde entier des animaux d’agrément n’oubliera (et ne devrait oublier) jamais. Ce gentleman exceptionnel me manquera cruellement aussi longtemps que je vivrai et j’espère que sa fille poursuivra son extraordinaire travail de pionnier.

Merci Sharad Ramchandra Sane. 

 

Heiko Bleher, Italie, novembre 2008

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